Quitter son statut de sous-traitant pour développer ses propres produits – Calip Normandie

Voici un bel exemple d’intelligence collective, quand une entreprise normande se sentant menacée sur ces principaux marchés (automobile, aéronautique), décide de prendre son destin à bras le corps et d’imaginer et de créer de nouvelles pistes d’avenir en mettant en oeuvre son savoir-faire sur des secteurs connexes

Publié le  16/09/2020  sur www.normandinamik.cci.fr — Jacques-Olivier Gasly

Implantée en périphérie de Caen, sur la commune d’Argence, Calip Normandie est spécialisée dans l’usinage et l’assemblage d’ensembles et de sous-ensembles mécaniques. Et c’est depuis son site situé sur la commune voisine de Moult, qu’elle a développé des distributeurs de gel hydroalcoolique sans contact. Une borne qui ne doit cependant pas occulter d’autres innovations spéciales COVID qui sont aujourd’hui de nature à influer sur la stratégie du groupe !

« Chez Calip Normandie, nous sommes spécialisés dans l’usinage et l’assemblage des pièces longues en aluminium issues de profilés pour de nombreux secteurs industriels : l’aéronautique, l’automobile, le médical, la robotique, la défense… », explique Alain Lozach, responsable Recherche & Développement. Des marchés sur lesquels l’entreprise pressent rapidement que des risques sont à prévoir. « La période COVID nous a conduit à penser différemment : l’aéronautique et l’automobile pesant près d’un tiers de notre chiffre d’affaires, nous avons tout de suite compris que nous devions nous pencher sur de nouveaux produits. Et avec notre service R&D, nous avons fait le choix du quotidien engendré par la crise », détaille le responsable qui, avant le confinement, s’occupait du co-développement avec Safran d’une nouvelle pièce du moteur LEAP…

Et parmi les objets du quotidien sur lesquels Calip Normandie se penche en tout premier lieu, figure le distributeur de gel. « Nous avons décidé de mettre au point un produit qui soit à la fois fonctionnel, résistant et de capacité importante pour les zones de grand passage (8 litres). De ce fait, nous n’avons pas été les premiers à sortir notre borne, et cela nous a quelque peu desservi car de nombreux produits moins fiables sont arrivés rapidement sur le marché. Mais dans notre action d’innovation, nous avons identifié un problème : celui des enfants dont les yeux sont bien souvent à hauteur des distributeurs de gel ou liquide hydroalcoolique. Nous avons donc pensé un distributeur adapté à la taille des enfants. Quant aux bornes « adultes », nous avons également pensé une distribution par un bec coudé et positionné un réceptacle pour éviter les projections… », décrit Alain Lozach dont les services ont également mis au point une borne identique en inox, notamment pour les milieux humides tels que les piscines.

Les idées se succédant les unes aux autres, l’entreprise dépose alors le nom Oxacare pour regrouper l’ensemble de ses innovations au sein d’une même gamme : le distributeur Oxagel , Oxabox, conteneur dédié à la récupération des masques usagés, mais aussi des applications grand public come Oxawear, dispositif dédié au port du masque dont la commercialisation devrait intervenir d’ici quelques jours, ainsi que d’autres projets actuellement en développement.

« Sur les bornes, nous avons par exemple une capacité de production qui peut monter à 25 par jour contre 5 actuellement, notre objectif étant de ne pas avoir trop de stock, mais de quand même en disposer suffisamment pour répondre immédiatement à la demande», complète le responsable R&D qui concède que cette démarche est totalement inédite pour l’entreprise.

«Jusqu’alors, nous répondions à des demandes de clients ou nous développions ensemble sur cahier des charges. Là, nous fabriquons des produits innovants en les imaginant seuls… Cela veut dire que nous quittons notre statut de sous-traitant pour développer nos propres produits. Rien que sur le plan commercial, cela impose des changements de mentalité que nous avons décidé d’intégrer à notre stratégie d’entreprise », développe Alain Lozach. Une stratégie qui, en 2021, pourrait représenter jusqu’à 15% du chiffre d’affaires de Calip Normandie, en s’appuyant à la fois sur la plateforme régionale de distribution de matériel de protection et sur son propre site de e-commerce, spécialement développé pour l’occasion.